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Le pilote d'avion anti-incendie qui se passionne pour les feux de forêt

Proposé par : admin Le 02/05/2008 à 08:40

DécouvrirLe pilote d'avion anti-incendie qui se passionne pour les feux de forêt et les voûtes à l'ancienne portrait • Chaque été, Sébastien Pittet, 28 ans, part jouer les pompiers du ciel pour une compagnie en Espagne. L'hiver, ce futur ingénieur construit des voûtes sarrasines dans la ferme qu'il rénove à Mossel.



Un jet de plâtre à l'angle du mur. Rapide et précis, Sébastien Pittet coince à plat une fine brique de terre cuite. Un nouveau jet de plâtre sur la tranche de la brique et l'artisan colle une nouvelle brique. «Le truc, c'est d'être rapide et d'avoir l'œil», lance le constructeur de voûte, entre deux coups de truelle. Après avoir répété une dizaine de fois l'opération, le début de voûte dite sarrasine, de 40 centimètres carrés prend forme, le tout sans coffrage. Cette technique, oubliée depuis plus de 50 ans (lire ci-dessous), permet de créer des voûtes de toutes formes et d'une solidité à toute épreuve.

La preuve? A peine a-t-il posé sa truelle, l'artisan au solide physique de surfeur australien, grimpe sur le petit promontoire. Et le début de voûte ne bouge pas, malgré sa minceur, (2,7 centimètres seulement), alors que le plâtre n'a mis que 10 minutes pour sécher.

Un pompier du ciel
Du haut de son perchoir, ce futur ingénieur en résistance des matériaux, qui a fêté ce mois ses 28 ans, semble comme dans son élément. Car Sébastien Pittet est également pilote d'avion-incendie. Alors qu'il passe l'hiver à fabriquer des voûtes à travers toute la Romandie, ce passionné d'aviation part depuis trois ans chaque été en Espagne travailler pour la plus importante entreprise de pompiers du ciel de la péninsule Ibérique. Il est le seul pilote suisse d'une équipe de plus de 50 personnes.

Ces deux dernières années, il a travaillé sur des bases en Castille et en Galice. «Cet été, je pense que je vais retourner à Lugo, au nord de l'Espagne, une région proche de Saint-Jacques-de-Compostelle qui connaît de nombreux feux de forêt», précise le passionné d'aviation.

Le jeune homme prend avec lui sa planche de surf, ses raquettes de tennis ainsi qu'une cargaison de livres. «Un incendie éclate au moins une fois par semaine. Mais entre deux, l'attente peut-être longue, et il faut savoir la combler», glisse ce sportif. Ce basketteur au BBC Veveyse à Oron, n'omet cependant pas de préciser que le hamac est, en Espagne, son meilleur ami.

Dromadaire à mille chevaux
Mais ces moments de détente ne doivent pas occulter les risques incroyables auxquels le pilote doit faire face à chaque intervention. Un danger de chaque seconde, où l'avion vole aux limites de ses capacités. Pour l'instant, il pilote un PZL-Mielec M18, un appareil polonais, développant une puissance de 1000 chevaux, surnommé dromadaire. Malgré son allure de vieux coucou, ce monoplan à moteur en étoile garde pourtant toutes les faveurs des pilotes, «pour sa maniabilité et son efficacité», clame le pilote.

En cas d'intervention, la procédure a été répétée à maintes reprises. Le pompier du ciel remplit d'abord les réservoirs d'eau de son aéronef. L'hélice de l'avion se met ensuite à vrombir et le pilote saute dans le bombardier d'eau et arrache du sol l'appareil alourdi par les 2 tonnes de liquide. Lancé à une vitesse de plus de 180 km/h, le pilote assourdi par le vacarme du moteur en étoile distingue enfin une longue colonne de fumée derrière une colline. Le nuage grisâtre donne les premières indications sur la suite des opérations.

Concentré sur son vol
«Si la fumée est trop épaisse, nous avons l'interdiction de la traverser pour aller larguer l'eau», avertit Sébastien Pittet. Et pour cause. Perdu dans une fumée trop dense et secoué par les courants ascendants, le pilote n'a plus aucun repère, risque de se retrouver sur le dos ou pire de percuter des arbres. Le danger est omniprésent, mais personne n'y pense, en tout cas pas Sébastien Pittet: «Au moment d'attaquer le feu, je reste concentré sur mon vol.»

Au sol, les pompiers tentent de contenir l'incendie. Pour le pilote, c'est une difficulté supplémentaire. «Il s'agit de ne blesser personne lors du largage», note l'aviateur vaudois. Après un survol de reconnaissance, c'est le moment d'attaquer le feu. L'avion fonce contre l'incendie, frôle la cime des arbres et largue enfin des trombes d'eau. L'appareil, libéré de cette masse, s'élève et Sébastien Pittet, se penche sur le côté pour vérifier s'il a fait mouche. L'aviateur rentre ensuite à la base pour remplir à nouveau les réservoirs et continuer ce périlleux manège.

Dès l'âge de 16 ans
Son bombardier d'eau se recharge en effet au sol. Une minute suffit à remplir les 2000 litres. «Je pense que je pourrai bientôt piloter la catégorie supérieure, un Airtractor», se réjouit-il, les yeux pétillants. «C'est un avion américain qui permet d'écoper l'eau en vol.»

Et ensuite, les Canadairs? Pas forcément. C'est un appareil lourd, difficile à guider dans les incendies. Avec le dromadaire et bientôt l'Airtractor, un rêve de gosse s'est déjà concrétisé. Et rien n'a pu le détourner de son rêve. Dès l'âge de 16 ans, l'âge minimal requis, il commence sa formation par le vol à voile. «La meilleure école. Le planeur, c'est le vol à l'état pur», confie le passionné d'aviation, en imitant d'un geste de la main le glissement silencieux de l'aéronef.

Il passe ensuite son brevet de pilote privé. Après son école secondaire, il part en Australie pour remorquer des planeurs. A son retour en Europe, il part en Espagne s'initier aux techniques du vol d'épandage agricole et de lutte contre les incendies. Mais aucune place de travail ne s'ouvre à lui. Pour compenser son jeune âge, il aligne les heures de vol et les brevets, dont celui de voltige. En 2006, il est enfin engagé par la société Trabajos Aeros Martinez Ridao, pour laquelle il vole chaque été. Et l'hiver, sous ses voûtes, Sébastien Pittet s'impatiente-t-il de repartir à l'attaque des feux de forêt? «Non, l'hiver, je skie», lance-t-il dans un éclat de rire.

Source : La Liberté - Alexandre Sonnay

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