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Alors que les feux de forêts se multiplient en Suisse, l’achat de bombardiers d’eau n’est pas à l’ordre du jour.
«Des Canadair? La topographie du pays ne s’y prête guère et il faut des plans d’eau dégagés pour faire le plein.» Alors que les flammes dévorent les forêts du Tessin et du Pays-d’Enhaut, Olivier Guex, le chef du Service valaisan des forêts et du paysage, n’y croît guère. Lors de l’incendie de Loèche en 2003, les hélicoptères avaient fait merveille. En particulier les Super Puma de l’armée, capables de larguer plus de 4 tonnes d’eau à chaque rotation. De son côté, l’hydravion canadien doit barboter sur 1600 mètres pour écoper 5,5 tonnes. Et l’envoyer en rase-mottes dans des vallées encaissées serait extrêmement risqué.
Les autres cantons romands sont sur la même longueur d’onde: «On n’en est pas là. L’Europe méditerranéenne connaît des incendies d’une toute autre ampleur», indique Léonard Farron, chef du Service neuchâtelois des forêts. Pour Patrick Forny, chef de section au Service vaudois, les incendies en Suisse ne justifient l’acquisition de bombardiers d’eau.
Pourtant, l’heure est à la vigilance. Treize cantons ont déjà interdit partiellement ou totalement les feux de plein air. «Nous surveillons l’évolution de la situation», indique Patrick Forny. Vaud a misé jusqu’à présent sur la prévention mais une interdiction est imminente. Aujourd’hui même, Neuchâtel a banni les feux en forêt et à proximité, l’usage des foyers sur les places. «Actuellement, une cigarette, une braise peuvent provoquer un départ de feu», souligne Léonard Farron.
Dans les forêts genevoises étriquées, la situation est similaire à celle du Plateau. Mais c’est surtout sur le pied du Jura et dans les Préalpes, vers 1000 mètres que le risque d’incendie est le plus élevé, comme l’expliquent Léonard Farron et Patrick Forny.
«Un printemps exceptionnel»
Pour Rolf Manser, chef de la division Forêts à l’Office fédéral de l’environnement, la situation de ce printemps est exceptionnelle car les conditions sont déjà celles d’un été sec, comme en 2003 ou 2006. «Certes, le sol demeure plus humide, mais les risques sont comparables à ceux de l’été passé.»
Le haut fonctionnaire confirme que l’acquisition de Canadair n’est pas à l’ordre du jour. Pas plus qu’une collaboration avec la France ou l’Italie pour un éventuel prêt de ces bombardiers d’eau en cas d’énorme incendie. «Avec le réchauffement du climat, de nouvelles mesures pourraient être prises», admet Rolf Manser. Pour l’heure, il se contenterait de «deux à trois jours de pluie» .
Source : 24 Heures - LAURENT AUBERT
Le premier hélicoptère d’Heliswiss aura tourné toute l’après-midi. Un second l’a rejoint vers 17?h. L’un s’est ravitaillé dans un bac — aux allures de piscine — aménagée par les pompiers dans le pré voisin de l’ancien Hôtel Rosat et raccordée au réseau d’eau. L’autre directement dans la Sarine.
Intriguant ou fascinant pour ce jardinier ou cette mère en balade à vélo avec ses enfants, le ballet aérien, d’une précision chirurgicale, aura surtout été décisif. Ce compte tenu de la topographie du lieu où le feu s’est déclaré hier matin peu avant midi. Un terrain difficile qui a réduit au minimum le champ d’action de la quinzaine de pompiers de Château-d’Œx, arrivés aussi vite que possible sur place par la route des Chenolettes, fermée pour l’occasion, et au plus près de la zone critique.
Un peu en contrebas du pâturage dit des Chables du Milieu, sur les hauts de Château-d’Œx, dans la ligne de la Pointe de Cray, le secteur est en effet non seulement forestier et des plus escarpés, mais également dépourvu de source d’eau proche et accessible. «Nous sommes montés avec du petit matériel parce que le feu semblait moindre au début, mais compte tenu du vent et d’une forêt très sèche, la situation s’est compliquée», explique Nicolas Burri, commandant du corps de pompiers damounais.
Seul point positif: excepté un chalet d’alpage assez proche – dont le toit a été arrosé pour prévenir l’action de braises portées par le vent –, aucune habitation n’a été menacée par les résidus de flammes.
«Vers midi, j’ai vu la fumée et averti la police, mais elle était déjà au courant, raconte cet habitant en route pour se rendre à son travail. Vous voyez la falaise au milieu de la fumée? Et bien les flammes étaient en haut, et puis j’ai vu tomber des morceaux de bois incandescents. Et le feu a pris également en contrebas.»
Au final, le sinistre a pu
être maîtrisé aux alentours de 19?h. La zone restait sous «observation»
depuis le village. Les flammes ont touché quelque cinq hectares de
sapins et de feuillus selon la police cantonale et les raisons de
l’incendie ne sont pas connues. Le poste de la gendarmerie de
Château-d’Œx mène l’enquête.
KARIM DI MATTEO
Source : 24 Heures - KARIM DI MATTEO
Au-dessus des forêts en feu, les hélicos surpassent les Canadairs
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