Actualité des sapeurs-pompiers
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Sapeurs-pompiers: l’heure des fusions a sonné à Genève
Proposé par : admin Le 15/02/2010 Ã 09:05
D’ici à quatre ans, le SIS et les sapeurs de l’aéroport ne devraient faire qu’un seul corps. Quant aux communes, l'idée de la fusion repart à petit feu.
Va-t-on vers la fin de la guéguerre des tranchées à laquelle se livrent Ville, communes et canton d’une part, pompiers professionnels et volontaires d’autre part? Mettra-t-on un terme aux dépenses somptuaires consenties par les communes, chacune dans son coin, à des corps de pompiers jaloux de leur indépendance et formidables lobbies politiques? Il est sans doute trop tôt pour l’affirmer. Mais après l’échec de la tentative cantonale d’unifier tous les services de la sécurité il y a quelques années, le mouvement vers un fonctionnement plus rationnel et tenant compte de l’évolution démographique est sérieusement
relancé.
«Tout a démarré en 2008, explique Pierre Maudet, conseiller administratif responsable de la sécurité. Nous avons d’une part réussi à intégrer la Protection civile de la Ville dans le SIS (Service incendie et sécurité). D’autre part, nous avons lancé la réflexion concernant la caserne des pompiers de la Rive droite.»
Un chef du projet Convergences est nomméLe site de l’aéroport s’étant avéré idéal (voir ci-contre) se pose logiquement la question d’une fusion entre les deux corps de sapeurs-pompiers professionnels: le Service incendie et sécurité (SIS) de la Ville et le SSA (Service de sécurité de l’aéroport). Dans une lettre commune à tous les pompiers professionnels, François Longchamp, président du Conseil d’Etat et du conseil d’administration de l’aéroport, et Pierre Maudet jouent cartes sur table.
Un chef du projet Convergences, le Vaudois Bernard Sermier, entrera en fonction le 1er mars pour quatre ans. Il rapportera à un comité de pilotage représentant la Ville de Genève, l’Aéroport International de Genève (AIG), l’Association des communes genevoise (ACG) et la Sécurité civile cantonale. Sa tâche est claire: élaborer un concept de fusion des activités.
Sans attendre, précise encore la lettre aux pompiers, l’AIG et la Ville vont unifier leurs procédures de recrutement des nouveaux cadres, adopter des procédures conjointes pour l’achat de leurs véhicules et équipements lourds, et enfin harmoniser leurs formations et procéder à des échanges de personnel.
La Ville et les communes font la paixUne nouvelle caserne, c’est plusieurs dizaines de millions d’investissements. L’Etat n’étant pas directement impliqué, la Ville s’est donc tournée vers ses partenaires naturels, les communes. Pour ces dernières, qui financent déjà le SIS à 35% sans être associées à sa gouvernance, l’occasion était belle pour mettre le pied dans la porte. Et tout d’abord pour faire inclure dans la réflexion le rôle des pompiers volontaires actifs dans chaque commune.
La dernière réforme («Pompiers 21», entrée en vigueur en 2007) a certes eu le mérite de mieux répartir les tâches, mais elle a aussi laissé un goût amer dans les corps communaux. Les services de piquet ont en effet dû être intensifiés, sans que les prestations communales pécuniaires au SIS ne diminuent pour autant.
«D’accord d’inclure l’ACG dans le processus, admet Pierre Maudet. Mais en contrepartie, j’ai demandé que l’on discute ouvertement de la manière dont les communes investissent dans leurs corps de pompiers. Entre 1997 et 2007, elles ont dépensé 20 millions, le plus souvent en ordre dispersé. C’est beaucoup trop!» Lui-même ancien pompier volontaire, comme il aime à le rappeler, Maudet en est persuadé: «La pierre angulaire du dispositif d’incendie et de secours, ce sont les sapeurs-pompiers professionnels.»
Jean-Marc Mermoud et l’ACG qu’il préside, trop heureux de l’esprit d’ouverture manifesté par le magistrat de la Ville, sont entrés en matière. «Notre première démarche consistera à dresser l’inventaire de tous les souhaits d’investissements des communes pour les cinq ans à venir, explique Jean-Marc Mermoud. Que ce soit en matériel, en véhicules et en bâtiments.» Puis l’ACG créera une commission ouverte aux quarante-quatre magistrats communaux en charge des pompiers (Céligny n’est pas concerné), qui aura connaissance de toutes les demandes d’investissements dans les communes.
«Les communes resteront souveraines dans leurs décisions, rassure Jean-Marc Mermoud. Mais celles qui n’ont pas encore pris l’habitude de se parler apprendront à le faire.» «Et surtout, note Pierre Maudet avec malice, tout se saura à l’avance, les informations circuleront. On ne pourra plus faire n’importe quoi!»
Fusions dans les communes aussi?Tant Maudet que Mermoud en sont persuadés, ce type de démarche conduira bientôt à des regroupements, voire à des fusions. «Déjà la réforme «Pompiers 21» a augmenté les exigences, note Jean-Marc Mermoud. Elle a mis en lumière des problèmes d’organisation, de successions. La rationalisation des investissements va accélérer le mouvement.»
Et les amicales, qui dans chaque commune regroupent les actifs et les anciens? «Elles subsisteront, déclare péremptoirement le magistrat, lui-même ancien sapeur à Pregny-Chambésy et membre de l’amicale. Il le faut, car elles jouent un rôle social non négligeable.» Un ancien pompier de Jussy nous le faisait remarquer un jour: «Qui tiendra les stands à la vogue si nous ne sommes plus là?…»
En 2030, deux casernes situées en périphériePierre Maudet en est persuadé, d’ici à une vingtaine d’années, on va vers un concept de deux casernes principales pour les pompiers professionnels (voire deux ensembles de casernes) situées sur la couronne de Genève.
«Avec le projet Praille-Acacias-Vernets (PAV), avec le développement de la plaine de l’Aire et ses milliers de logements, avec les développements du côté des Trois-Chêne, la configuration urbaine du canton va changer. Dans cette perspective, tout le dispositif d’intervention des pompiers est à revoir.»
Actuellement, au SIS, une seule caserne fonctionne jour et nuit. Elle est située en plein centre, à la rue des Bains. Les deux autres casernes (aux Asters et à Frontenex) ne sont en service que la journée.
Celle des Asters est déjà condamnée. Car en plus de ne plus répondre aux besoins de la Rive droite, qui s’est beaucoup développée, elle est vétuste. Et enfin, le coup de grâce, son accès a été rendu plus malaisé par l’arrivée du tram de Meyrin.
Dans un premier temps, le prédécesseur de Pierre Maudet, André Hediger, avait envisagé de remplacer les Asters par le Bois-des-Frères. Certes, on était sur le territoire de Vernier, mais le terrain appartenait à la Ville de Genève. L’honneur était sauf! La réflexion lancée par Pierre Maudet, notamment avec des magistrats de la Rive droite, a fini par les conduire au Grand-Saconnex, à l’aéroport. Un lieu bien situé géographiquement et proche des meilleures voies de communication.
Sur la Rive gauche, pense Maudet, le meilleur lieu se situera sans doute dans le périmètre du PAV. Sur le territoire de la Ville, à Frontenex et aux Bains, ne subsisteront probablement que des casernes secondaires.
(dvb)
Tribune de Genève - DOMINIQUE VON BURGSapeurs-pompiers: l’heure des fusions a sonné à Genève
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